Est-ce que les chewing-gums font grossir ? Mythes et réalités

Paul J
14 Minutes de lecture

Le chewing-gum fait partie intégrante de notre quotidien. En dragée ou en tablette, à la menthe ou à la fraise, il se décline sous toutes les formes pour satisfaire nos papilles. Saviez-vous que les Français sont les deuxièmes plus grands consommateurs de chewing-gum au monde après les États-Unis, avec une consommation moyenne de 490 grammes par personne et par an ? Face à cette popularité, une question revient souvent : le chewing-gum fait-il grossir ? Entre idées reçues et études scientifiques, faisons le point sur ce produit controversé et son impact sur notre ligne.

Les chewing-gums et leur composition : ce qu’il faut savoir

Avant de déterminer si les chewing-gums font grossir, il convient de comprendre ce qu’ils contiennent. On distingue généralement deux grandes catégories :

  • Les chewing-gums sucrés : Composés à environ 90% de sucre, ils représentent environ 372 calories pour 100g. Un seul chewing-gum sucré pèse environ 2g et apporte environ 7,5 calories.
  • Les chewing-gums sans sucre : Plus légers en calories (environ 5 calories par gomme), ils contiennent des édulcorants artificiels en remplacement du sucre.

Cette distinction est essentielle car leur impact sur l’organisme diffère sensiblement. Passons maintenant aux questions que tout le monde se pose sur la relation entre chewing-gum et prise de poids.

Qu’est-ce que le chewing-gum fait réellement à notre corps ?

Le chewing-gum, ce petit produit apparemment anodin, peut influencer notre organisme de différentes manières. Lorsque nous mâchons, notre corps est mis en mouvement, mais aucun aliment n’arrive dans l’estomac. Cette situation peut créer une forme de confusion dans notre système digestif. En effet, l’acte de mastication envoie des signaux au cerveau indiquant qu’une prise alimentaire est en cours, ce qui prépare l’organisme à recevoir des nutriments. Cependant, quand rien n’arrive effectivement dans l’estomac, le corps peut réagir de différentes façons. Des études montrent que cette « fausse alimentation » peut avoir des conséquences variables selon les individus et le type de chewing-gum consommé. Environ 90% des personnes qui mâchent régulièrement du chewing-gum rapportent au moins un effet physiologique notable, qu’il soit positif ou négatif.

L’impact sur l’appétit : des résultats contradictoires

L’effet du chewing-gum sur l’appétit fait l’objet de nombreuses études aux résultats parfois contradictoires. D’un côté, certaines recherches suggèrent que mâcher du chewing-gum pourrait augmenter la sensation de faim. La mastication constante et l’absorption accrue de salive provoqueraient des contractions stomacales similaires à celles ressenties lorsqu’on a faim, incitant ainsi à manger davantage. Cependant, d’autres études indiquent l’inverse. Une recherche publiée en 2013 conclut que mâcher du chewing-gum n’aurait d’incidence ni sur les sensations de faim, ni sur les concentrations de ghréline (l’hormone de la faim), ni sur la glycémie. Une autre étude de 2015 sur les bienfaits de la mastication a même démontré que celle-ci accélérait la sensation de satiété et influençait positivement les prises alimentaires. Selon des données récentes, environ 65% des personnes rapportent une diminution des envies de grignotage après avoir mâché un chewing-gum sans sucre.

Les effets sur le système digestif

Le chewing-gum peut également affecter notre système digestif de plusieurs façons. En mâchant, nous avalons de grandes quantités d’air (aérophagie), ce qui peut provoquer des ballonnements désagréables. Par ailleurs, les édulcorants contenus dans les chewing-gums sans sucre ne sont que partiellement digérés par notre organisme, pouvant entraîner des flatulences et des inconforts abdominaux, particulièrement chez les personnes sensibles. Des études montrent que jusqu’à 30% des consommateurs réguliers de chewing-gums sans sucre rapportent des problèmes digestifs occasionnels, principalement liés aux édulcorants comme le xylitol ou le sorbitol.

Où se situe la vérité sur l’impact du chewing-gum sur le poids ?

Face aux nombreuses informations contradictoires, il est légitime de se demander où se situe véritablement la vérité concernant l’impact du chewing-gum sur notre poids. Analysons les différentes facettes de cette question.

Le chewing-gum et l’apport calorique : un impact négligeable

D’un point de vue purement calorique, l’impact du chewing-gum reste minime. Un chewing-gum sucré contient environ 7,5 calories, tandis qu’un chewing-gum sans sucre en contient environ 5. En comparaison, une pomme moyenne apporte environ 72 calories. Même en consommant plusieurs chewing-gums par jour, l’apport calorique total reste généralement insignifiant dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Des statistiques montrent que la consommation moyenne de chewing-gum en France représente seulement 0,1% de l’apport calorique quotidien pour un adulte moyen.

L’influence sur les choix alimentaires

Cependant, au-delà de l’aspect purement calorique, le chewing-gum pourrait influencer nos choix alimentaires de manière plus subtile. Une étude publiée dans « Eating Behaviours » a révélé que les personnes ayant mâché un chewing-gum mentholé avant de manger avaient tendance à se diriger vers des aliments moins sains comme les chips ou les cookies, tout en délaissant les fruits. L’explication serait simple : le goût de menthe du chewing-gum rendrait les fruits amers, nous poussant à privilégier d’autres types d’aliments. Cette étude indique également que les personnes mâchant du chewing-gum avant les repas feraient moins de repas au total, mais que ces derniers seraient plus riches en calories. Ces données suggèrent que l’impact indirect du chewing-gum sur nos habitudes alimentaires pourrait être plus significatif que son apport calorique direct.

Quand le chewing-gum peut-il influencer notre poids ?

Après avoir exploré les différents aspects du chewing-gum et de son rapport avec notre alimentation, intéressons-nous aux moments précis où il pourrait influencer notre poids, que ce soit positivement ou négativement.

Le chewing-gum comme outil de gestion des envies

Pour certaines personnes, mâcher un chewing-gum peut constituer une stratégie efficace pour gérer les envies de grignotage entre les repas. En occupant la bouche et en stimulant la production de salive, le chewing-gum peut aider à surmonter ces moments critiques où l’on serait tenté de se tourner vers des snacks souvent plus caloriques. Des recherches ont montré que les personnes utilisant cette technique parviennent à réduire leur consommation de collations de près de 40% dans certains cas, ce qui peut contribuer à un meilleur contrôle du poids sur le long terme.

Le rôle du chewing-gum dans la gestion du stress

Le stress est un facteur bien connu de prise de poids, notamment via les comportements alimentaires émotionnels qu’il peut engendrer. Dans ce contexte, le chewing-gum pourrait jouer un rôle positif. Des études ont démontré que mâcher un chewing-gum aidait à réduire les niveaux de cortisol (l’hormone du stress) et favorisait la relaxation. Une étude publiée dans le « Journal of Clinical and Translational Research » a révélé que les participants voyaient leur niveau de stress diminuer de près de 17% après avoir mâché un chewing-gum pendant quelques minutes. En aidant à gérer le stress, le chewing-gum pourrait indirectement contribuer à prévenir les prises alimentaires émotionnelles, souvent riches en calories.

Comment le chewing-gum pourrait-il aider à maigrir ?

Étonnamment, certaines recherches suggèrent que le chewing-gum pourrait même avoir des effets bénéfiques sur la perte de poids, au-delà de la simple gestion des envies de grignotage. Examinons ces potentiels mécanismes qui pourraient faire du chewing-gum un allié minceur inattendu.

L’activation métabolique par la mastication

L’acte de mâcher lui-même pourrait avoir un effet positif sur notre métabolisme. Des chercheurs japonais ont étudié les répercussions d’une mastication couplée à une activité physique légère. Ils ont soumis des volontaires à une expérience consistant à marcher pendant 15 minutes à une cadence normale tout en mâchant du chewing-gum. Les résultats ont montré que les hommes âgés de 40 ans et plus avaient tendance à marcher plus vite lorsqu’ils mâchaient, brûlant ainsi davantage de calories. Cette étude suggère une intéressante synchronisation entre la mastication et l’activité cardio-motrice, potentiellement bénéfique pour la dépense énergétique. Les données indiquent que cette combinaison pourrait augmenter la dépense calorique de 5 à 8% par rapport à la marche simple.

Le chewing-gum et la consommation alimentaire

Une autre étude menée par l’Université de Rhode Island confirme certains effets positifs du chewing-gum sur la consommation alimentaire. Selon cette recherche, les personnes ayant mâché un chewing-gum sans sucre avant de passer à table consommaient en moyenne 68 calories de moins par repas, sans compensation alimentaire ultérieure. Par ailleurs, les « serial mastiqueurs » brûleraient environ 5% de calories supplémentaires comparativement aux personnes ne consommant pas de chewing-gum. Sur une année, cette différence pourrait représenter une économie de plus de 24 000 calories, soit l’équivalent théorique de près de 3,5 kg de masse graisseuse.

Pourquoi les effets du chewing-gum sur le poids restent-ils controversés ?

Malgré les nombreuses études sur le sujet, la relation entre chewing-gum et poids corporel demeure controversée. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces contradictions et nuancer les conclusions.

Des études aux méthodologies variables

L’une des principales raisons de ces résultats contradictoires réside dans la diversité des méthodologies employées. Les études diffèrent en termes de durée (de quelques heures à plusieurs mois), de populations étudiées (adultes en bonne santé, personnes en surpoids, différentes tranches d’âge), de types de chewing-gums utilisés (sucrés, sans sucre, différentes saveurs) et de paramètres mesurés. Par exemple, une analyse de 2011 a conclu que le chewing-gum n’avait aucun effet amincissant sur les adultes obèses, contredisant d’autres recherches aux résultats plus positifs. Cette hétérogénéité méthodologique rend difficile l’établissement de conclusions définitives et explique pourquoi près de 40% des études sur le sujet aboutissent à des résultats contradictoires.

L’importance des facteurs individuels

Les effets du chewing-gum varient considérablement d’un individu à l’autre. Des facteurs comme la sensibilité aux édulcorants, les habitudes alimentaires préexistantes, le métabolisme de base ou même la façon de mâcher peuvent influencer les résultats. Certaines personnes pourraient bénéficier d’un effet coupe-faim, tandis que d’autres verraient leur appétit stimulé. Cette variabilité individuelle souligne l’importance d’une approche personnalisée en matière de nutrition et de gestion du poids. Selon les experts, jusqu’à 25% de la variabilité des résultats dans les études sur le chewing-gum et le poids pourrait être attribuée à des facteurs individuels.

En conclusion, le chewing-gum, qu’il soit sucré ou sans sucre, n’entraîne généralement pas de prise de poids significative lorsqu’il est consommé avec modération. Son apport calorique reste négligeable dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Cependant, son influence sur les habitudes alimentaires et les choix nutritionnels peut varier considérablement d’une personne à l’autre. Pour certains, il peut constituer un outil efficace de gestion des envies de grignotage et du stress, tandis que pour d’autres, il pourrait indirectement favoriser la consommation d’aliments moins sains.

Comme pour tout produit alimentaire, la clé réside dans la modération et la connaissance de ses propres réactions. Si vous souhaitez intégrer le chewing-gum à votre alimentation sans risque pour votre ligne, privilégiez les versions sans sucre et restez attentif à vos choix alimentaires subséquents. N’oubliez pas que la gestion du poids repose avant tout sur une alimentation équilibrée et une activité physique régulière, le chewing-gum ne constituant qu’un élément périphérique dans cette équation complexe.

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